C'est la vie

En parallèle des représentations du spectacle Moi, Corinne Dadat, Mohamed El Khatib et son collectif Zirlib répéteront C'est la vie au T°.

 

Nous vous invitons à venir assister à une de ces répétitions :

mercredi 30 novembre à 18h

jeudi 1er décembre à 17h

vendredi 2 décembre à 18h

 

durée : 50 minutes

 

 

Une performance documentaire du Collectif Zirlib / Création 2017

C’est la vie est une démonstration d’amour inconditionnel.

C’est la vie c’est ce qu’il reste quand vous avez perdu l’essentiel.

C’est la vie est une expérience intime, esthétique et politique.

 

Avec Fanny Catel et Daniel Kenigsberg

 

Texte et Conception : Mohamed El Khatib

Réalisation : Fred Hocké et Mohamed El Khatib

 

 

Production Zirlib / Recherche de partenaires en cours

Note de l’auteur

La mort injuste [il y aurait des morts justes] de ma mère a été un séisme. Et puis on m’a dit tu sais, ça va, c’est bien pire de perdre un enfant. Ah bon ? Alors on pourrait mesurer la douleur sur une échelle de Richter de la perte et observer qu’une mère c’est moins intense qu’un enfant. On mettrait en équation nos vies et les douleurs qui s’y rapportent.

J’ai toujours considéré que pour traiter une question, il n’est pas vital de la traverser intimement. Cela peut faire de vous un meilleur témoin mais pas un écrivain plus juste. Pourtant, depuis quelques années, je suis incapable de dissocier mon écriture du réel. Le document est à la fois un atout et un outil mais plus encore, il constitue l’essence même de ce qui va fonder la représentation.

N’ayant pas éprouvé personnellement la mort d’un enfant et n’en ayant pas particulièrement le désir, ce travail d’écriture consistera pour l’essentiel à piller les témoignages de gens ayant perdu un enfant ; et ils sont légion : G. Depardieu, S. Stallone, V. Hugo, Z. Zidane, J-L. ou N. Trintignant (liste non-exhaustive).

Nota bene : après avoir écrit sur la mort de ma mère je pensais dans mon précédent texte, Finir en beauté, avoir fait le tour de la question de ce qu’on appelle par commodité le deuil.

Mais je me rends bien compte aujourd’hui que cette question universelle est inépuisable. Et que finalement je me sens débarrassé des doutes dont j’ai pu être le sujet quand, au moment d’écrire ma dernière pièce, quelqu’un m’a aimablement demandé si je n’avais pas de scrupules à réussir ma carrière théâtrale sur le dos de la mort de ma mère.

 

Note de contexte

Cela fait 5 ans que je dois travailler avec les acteurs Fanny Catel et Daniel Kenigsberg. Mais pour diverses raisons (calendrier, opportunité..) nous n’avons jamais pu collaborer ensemble. Ma dernière tentative s’appelait La vie d’Ahmed le magnifique, projet pour lequel j’avais décidé de réunir un conseil d’administration qui devait statuer en temps réel sur le devenir d’un spectacle réussi. Mais entre-temps, la dimension documentaire de mes recherches m’a peu à peu dispensé d’avoir recours à des acteurs dits de métier. J’ai donc momentanément renoncé à ce projet en particulier et aux acteurs en général.

Puis en janvier 2014, j’apprends que Daniel Kenigsberg perd son fils âgé alors de 25 ans. Au même moment, Fanny Catel perd sa fille âgée de 5 ans.

Je leur ai proposé de me parler de ce qu’ils vivaient. Cela a été le début de cette expérience-limite.

Pour moi, ils n’étaient dès lors plus des acteurs, mais des personnes dotées d’une qualité nouvelle et peu répandue, celles qui savent avec une acuité rare combien il y a un AVANT et un APRÈS.

Dans la littérature dramatique, la tragédie de la perte d’un enfant est sans cesse rejouée. Véritable motif historique, on n’a pourtant jamais réussi à nommer les parents qui ont perdu un enfant. Ces orphelins à l’envers qui héritent de leurs enfants sont les oubliés de la sémantique. Seul l’hébreu et l’arabe ont tenté de réparer cette injustice avec le terme Shakoul (littéralement l’ourse à qui on a pris ses petits) et Takal (dont on a coupé les bourgeons). Nous allons tenter avec cette recherche esthétique, portée par ces deux acteurs, de contribuer à combler le vide terminologique et poser un premier drapeau sur ce territoire abandonné par la langue.

 

 

Note d’intention

Quand le fils de Daniel est mort, ce dernier jouait le rôle de Phoenix dans Andromaque.

Sans jamais que l’on sache s’il pleurait pour son personnage ou pour lui ou un peu des deux.

Jouer le rôle de sa vie est une expression malheureusement circonscrite à des considérations de carrière. À ces acteurs de bonne foi que j’ai conviés, je propose de faire leur travail comme jamais en se demandant si la répétition fait de nous des personnages, si notre pratique a encore à voir avec du théâtre et s’il est légitime de gagner de l’argent sur le dos de nos enfants.

En somme, il est inutile de faire croire que vous êtes triste quand vous êtes triste. C’est donc la question de l’acteur que nous allons poser. Il nous faudra évoluer sur un fil à la limite de l’obscénité, de la pudeur avec la délicatesse pour boussole.

Après des heures d’entretiens, de témoignages, de collectes de matériaux hétérogènes (sms, e-mails, interviews, documents administratifs) nous allons restituer la chronique de 2 morts annoncées.

Daniel à 61 ans, il est grand et bedonnant, acteur en fin de carrière.

Fanny à 37 ans, elle est petite et filiforme, actrice qui multiplie les projets.

Le fils de Daniel s’est donné la mort à 25 ans.

La fille de Fanny a disparu à 5 ans.

Tout semble les opposer mais fondamentalement tout les réunit.

Ils n’avaient en commun que le hasard de participer à une même création théâtrale, ils sont dorénavant liés à vie de façon souterraine.

À travers une cartographie émouvante, nous allons éprouver des modalités de culture de la perte pour nous livrer à la rédaction d’un petit guide du vivre à l’usage des vivants.

Jauge limitée, réservation obligatoire au

02 47 64 50 50 ou billetterie@cdrtours.fr